1920-1950 : Les temps de guerre
La première génération
La Saga des « Bechu, architectes » était déjà écrite dans la pierre bien avant que ne soit fondé en 1920 le premier atelier d’architecture de la famille, par Antony Edouard Bechu.
Antony Edouard, fondateur du premier atelier d’architecture, était petit-fils et fils de tailleurs et marchands de pierres. Son père, Médard Bechu (né en 1848) était à la tête d’une entreprise de 250 ouvriers située à Fay-aux-Loges dans le Loiret, au sein de laquelle il avait appris, depuis tout petit, la géométrie très poussée nécessaire à la stéréotomie et à la réalisation de ses épures de taille.
Vue de l'agence à Paris
Blessé et rapatrié du front pendant la Première Guerre mondiale, son destin le mena à dessiner des plans de bataille et des ouvrages militaires aux côté de plusieurs architectes dont Camille Lefèvre (Premier Grand Prix de Rome en 1905 et avant-guerre, architecte du Château de Fontainebleau) avec lequel il sympathise, complétant ainsi involontairement sa formation en architecture.
Alors jeune marié, et justement diplômé, il installe en 1920 le premier atelier d’architecture de la famille dans lequel il propose ses services de maître d’œuvre aux architectes (métrés, descriptifs…) et entrepreneurs (devis estimatifs, facturation,…), alors peu expérimentés pour rendre des estimations de prix à leurs maîtres d’ouvrage.
Il donne naissance en 1921 à Anthony Lucien Bechu qui grandit au 82 rue Lecourbe dans le quinzième arrondissement de Paris, où se trouvent toujours aujourd’hui les bureaux de l’agence...
Anthony Béchu
Quand la Seconde Guerre Mondiale éclate en 1939, Anthony Lucien qui allait rentrer à l’ESTP pour y suivre un double cursus d’ingénieur architecte, se retrouve privé par décret de pouvoir s’inscrire plus tard à l’Ordre des architectes. Le gouvernement de Vichy prévoyait en effet de créer une école réformée seule habilitée à former cette profession. Il suivit donc une double formation d’ingénieur à l’ESTP et d’architecte auprès de Camille Lefèvre devenu alors architecte en chef du Louvre et du Palais Royal.
Bien que l’activité de l’agence ait considérablement souffert de ces années de guerre, elle a survécu grâce à une activité connexe de gérance d’immeubles, le temps d’attendre des jours meilleurs. Après que Le Général de Gaulle lui ait remis les honneurs de la Croix de Guerre en 1939, Anthony Lucien se réinscrit aux Beaux-Arts et fini sa formation auprès d’Auguste Perret. Cette même année, il obtient son diplôme d’ingénieur et remporte un concours inter-écoles pour la construction d’un pont sur la Marne en béton précontraint, technologie qui le passionne.
De l'Ecole des Travaux Publics aux Beaux Arts via la Résistance
1950-1983 : Le temps de bâtir
Première et seconde génération
Introduit dans l’immense chantier national de la reconstruction par des relations de son père, Anthony Lucien travaille de 1949 à 1952 auprès de l’architecte Jacques-Henri Labourdette qui reconstruisait les quartiers sud de Beauvais, région particulièrement sinistrée. En parallèle d’autres projets menés par ailleurs, il compila en un an 200 projets de reconstruction !
Jeune marié, il donne naissance le 31 octobre 1950 à son premier enfant Anthony Emmanuel Bechu, actuellement dirigeant de l’agence. A l’image de l’homme engagé qu’il était, il manifeste une architecture affirmée des années 50 à travers des maisons de particuliers destinées à sa famille ou à ses amis, qui dénotent au sein d’habitations bourgeoises. Des maisons résolument ouvertes sur l’extérieur, se fondant à l’intérieur et avec déjà une véritable conception d’architecture bioclimatique que l’on retrouve dans ses écrits.
Maison Iturbibe, Champigny-sur-Marne
Il travaille par ailleurs avec la Banque d’Afrique Occidentale (BAO) qui, séduite par la modernité de son trait, le mandate pour édifier des logements de fonction dans les quartiers Sud d’Abidjan, puis à Conakry, Yaoundé et Niamey. Des projets inscrits dans la grande et noble tradition moderniste de l’architecture française coloniale à laquelle il sut intégrer ses principes bioclimatiques : volumes superposés, décalés et/ou inversés sous une couverture maçonnée décollée affirmant sa structure tout en laissant l’air circuler, loggias et coursives persiennées, claustras, ajourant les pleins et rythmant les vides, maçonneries immaculées des porte-à-faux des balcons, vérandas et auvents…
L’agence répond également en 1951 auprès d’Edouard Campenon, au concours lancé par la Chambre de Commerce du Havre pour la réalisation du célèbre Pont de Tancarville, ouvrage de 1 400 mètres de long dont une travée centrale de 608 mètres de portée suspendue à des pylônes de 125 mètres de haut. Lauréate, l’agence accompagne le projet jusqu’à l’avant-projet.
Conakry I
Conakry II
En 1955, il répondit et fut lauréat de l’opération Million, concours lancé en 1955 par le Général de Gaulle auprès de tous les concepteurs de France pour formuler des propositions visant à abaisser le coût d’un trois pièces HLM à un million de francs au lieu du million et demi alors nécessaire. Sa double formation d’ingénieur-architecte lui permit de développer un procédé novateur qui consistait à utiliser du béton précontraint mis en œuvre sur place, le tout en créant de belles surfaces optimales pour l’espace vital des familles. L’agence construit ainsi près de 3000 logements en région parisienne, puis dans toute la France. L’opération Million l’avait fait décoller en asseyant sa notoriété auprès de maîtres d’ouvrages institutionnels et privés auprès desquels s’enchainent de nombreux projets résidentiels, tertiaires et industriels.
Très impliqué auprès de la SADG (Société des Architectes Diplômés par le Gouvernement) et la Société Française des Architectes, pour la valorisation du métier, et l’aide aux jeunes, Anthony Bechu se voit proposé d’intégrer la délégation française commanditée en 1966 par le Général de Gaulle pour aller en Chine y sélectionner des étudiants chinois invités à parfaire leur formation dans les écoles d’architecture française. Soit 2 ans après que la France ait officiellement reconnu La République Populaire de Chine. Arrivé à Pékin, il s’y retrouve alors bloqué pendant 2 mois en pleine révolution culturelle. Il y fit la rencontre en personne de Zhou Enlaï qui lors d’un dîner privé leur donna l’autorisation de sortir du pays par via Hong-Kong au travers d’un long voyage ferroviaire ouvert par le Premier Ministre, et qui permit à la délégation de découvrir le visage aux multiples facettes de la Chine. Ce voyage marque les premiers pas de la famille Bechu en Chine.
Essai en laboratoire du pont de Tancarville
1983-2014 : Le temps de l'histoire et des voyages
Troisième génération
Anthony Emmanuel Bechu ainsi né fils et petit-fils d’architecte, emboîtera le pas de ses aïeux en apportant de nouveaux savoir-faire à l’agence.
Diplômé DPLG en 1983 ; il suit les cours de Bernard Huet et son équipe à UP8 et analyse à ses côtés l’articulation nécessaire entre théorie et pratique, « l’Art de bâtir » et le « langage ».
« On ne peut commencer à écrire l’architecture que lorsque l’on sait la lire. » Aussi l’étude de l’architecture et l’analyse des différentes époques de la Renaissance à celle de l’architecture du XXe siècle, dévoilent et impriment le solfège qui lui permettra la lecture, puis l’écriture. Un enseignement pluridisciplinaire intégrant les sciences humaines, l’urbanisme, la technologie et l’histoire, mène à une définition de modèle typologique et à une réelle réflexion sur l’espace. Anthony Bechu fils est un homme de réels concepts, forgé à l’expérience Chaillot (Institut Supérieur des monuments historiques) où il y apprit la rigueur, la géométrie de l’espace et le goût d’aller inscrire ses réponses architecturales dans une continuité historique.
Les premières armes.
C’est durant son service militaire qu’il se verra offrir sa première expérience d’architecte à la caserne de GAP. S’inspirant d’une tradition historique française de l’architecture militaire ; il chamboulera les schémas de construction alors en vigueur. Il redonnera vie à une place d’armes, sa citadelle, ses contreforts et ses courtines. Il redonnera également une identité aux militaires allant jusqu’à redessiner leurs chambres, en leur offrant un lieu d’équilibre et de convivialité tout en renforçant l’efficacité militaire de l’organisation.
Le campus universitaire CELAP en Chine
Chaillot: une influence déterminante.
Au sortir de l’armée, Anthony Emmanuel Bechu reprend ses études avec l’enseignement de Chaillot. Cette formation en sera pour beaucoup dans ses engagements futurs. Reprendre des études à la suite d’une expérience professionnelle concluante n’était pas chose aisée, mais, s’enrichir au contact d’historiens, d’ingénieurs, de techniciens de l’art et de la conservation, le conduisirent à revoir et à comprendre toute l’histoire architecturale française dans ses formes comme dans ses structures. Il apprend alors le respect de la statique d’un bâtiment, mais surtout les fondements de l’histoire architecturale dans le détail constructif et ce, avec des professionnels qui savaient comment restaurer physiquement un ouvrage dans le respect de son identité. Il apprend le confortement, l’analyse et la réparation d’un bâtiment. Lorsque l’on sait dessiner la reprise d’une tour lanterne de cathédrale en étayant ses nefs, en dégageant la colonne, en la mettant en suspension au-dessus du sol, en évitant les flux du remplissage intérieur, quand on sait faire le crémonage c’est-à-dire la descente en charge, on sait penser un poteau en béton et réaliser une poutre. En outre cette méthodologie de la réparation, du confortement des bâtiments et de la connaissance de la structure, lui donne les moyens d’un dialogue constructif avec les ingénieurs, tout en nourrissant un point de vue d’architecte, avec ses préoccupations propres, d’ordre esthétique, d’entretien du respect et d’intégration dans un lieu.
La Cité Internationale de la gastronomie
Nourrir sa vision architecturale en s’appuyant sur l’histoire et la confrontation avec les autres cultures.
Sa passion pour l’architecture s’est accrue au cours de sa formation et de ses voyages. Toujours accompagné de son carnet de croquis, il voyage à Ispahan, au Yémen, en Afghanistan, au Cachemire, en Iran ou en Asie.
Il reste stupéfait par l’inventivité de l’architecture Yéménite et de l’espace, comme par les systèmes d’irrigations du royaume de la reine de Saba, drainant le désert sur 30 km. Fasciné par le New York bâti entre les XIVe et XVIe siècles, il se nourrit de ces lieux où l’ingénieur architecte assistait le pouvoir politique afin de visualiser ce que devait être une civilisation harmonieuse dans son développement architectural au service des hommes, de l’habitat et du paysage. Il participe à des fouilles en Turquie et en Grèce, notamment à Ephèse et à Knidos. A travers cette découverte de sites antiques, il voit l’apogée de l’Art classique à travers sa trame innovante, ses paysages extraordinaires, où l’architecture se mettait en valeur et mettait en valeur les paysages. Voilà les influences capitales qui guideront son parcours d’architecte. Lui faisant réaliser comment cette vision antique avait pu déterminer des modèles pour l’avenir. Il prend également conscience des éléments qui définissent une hiérarchie des espaces, des volumes sur la ville, de la manière de construire pour se fondre avec la nature, de venir dessiner la culture et ainsi permettre une organisation sociale entre les hommes. Il apprend à comprendre de visu, comment les grecs, les Assyriens, les Romains pensaient l’architecture de la ville dans son harmonie et son équilibre, et cherche alors à s’en inspirer. « Dans une civilisation où il faut de plus en plus prendre en compte la maîtrise des coûts, il me semblait essentiel d’étudier, comment avec des matériaux simples, les civilisations passées avaient su élaborer des merveilles si compliquées ». Sa conception architecturale puise en grande partie sa richesse de cette confrontation constante avec les cultures anciennes ou plus proches de la nôtre, et pourtant si différentes. Cette confrontation passe toujours par le plus simple des outils : un papier et un crayon. « Au Yémen, en Afrique ou en Asie, nul n’est besoin de parler la langue quand on sait dialoguer avec autrui par le dessin ».
Un métier pluridisciplinaire.
Pour Anthony Emmanuel Bechu, le métier d’architecte c’est d’abord l’acte de construire, de penser la construction, mais c’est aussi un acte de mise en œuvre. Vous pouvez innover, mais d’abord, vous devez rendre possible par la technique le dessin réalisé et démontrer cette maîtrise de la technique. L’architecte doit savoir quand il crée, dessiner les outils et la mise en œuvre de ce qu’il pense et montrer surtout que l’on peut le réaliser. « La maîtrise des nouveaux matériaux est essentielle, il faut avoir une soif de toutes les innovations et voir comment vous pouvez les réintroduire dans votre travail. » Il importe de savoir structurer son dessin par une technique maîtrisée, car ainsi on arrive à avoir un discours où les entrepreneurs, tout comme les techniciens, ne peuvent qu’abonder et se passionner pour le dessin réalisé. La connivence entre les différents métiers passe par cette orchestration de la technique dans le dessin et dans la conception. La réflexion de l’équipe constitue cette concertation interne entre architectes, ingénieurs, sociologues, urbanistes, paysagistes, graphistes, décorateurs et artistes participants au projet et au génie du concept.
La tour D2 à la Défense
Depuis 2014 : Continuité et renouveau
Troisième et quatrième génération
C’est dans ce contexte familial que les arrières petites filles du fondateur arrivent à l’agence. Clémence et Aliénor Bechu, deux sœurs aux parcours contrastés mais inscrites dans la même dynamique de patrimonialité et d’ouverture. A travers leurs sensibilités bien distinctes, s’est créée une véritable complémentarité des méthodes et des points de vue. Elles poursuivent ensemble avec rigueur, esprit et bienveillance cette saga familiale.
Clémence c’est l’âme scientifique de la 4ème génération Bechu. Son parcours ouvert sur le monde et l’humain, l’a porté à mener de prestigieuses études, en économie tout d’abord à l’Université Paris 2 Panthéon Assas puis en finance à l’université Paris Dauphine. Sa soif de découverte et de cultures la mèneront ensuite en Chine pendant 2 années où elle étudiera notamment le chinois à la renommée Tsinghua University de Pékin. Elle termine enfin sa formation par un master en management international à l’ESCP.
Forte de son expérience et d’une véritable passion pour la recherche, les nouvelles voies de l’entreprenariat, la technologie et l’émergence de nouveaux marchés, elle créera et dirigera une start-up de logistique innovante, « WineSitting », avant de rejoindre définitivement l’entreprise familiale où sa capacité de synthèse, son esprit stratégique, son goût pour inventer et concevoir de nouveaux projets avec ses équipes et ses clients, lui permettent d’accompagner l’ensemble en tant que directrice du développement. Au vu des projets urbains développés ces dernières années sous sa direction, Clémence vient récemment d’être reconnue par la SFU (Société Française d’Urbanisme) dont elle est désormais partenaire.
Aliénor quant à elle, est architecte d’intérieur et designer, diplômée de l’école Camondo. C’est très jeune en famille qu’elle attrape le virus de l’architecture. Initiée par son père et son-grand père aux secrets du métier, elle développe un savoir-faire et une sensibilité affirmée avant même de suivre sa propre voie qui la guide vers l’échelle de l’intérieur...
Son perfectionnisme, sa curiosité et sa détermination, conjugués à son goût de l’esthétique et à ses idées, la portent tout naturellement à reprendre en 2015 les rênes de l’entreprise familiale Volume ABC spécialisée dans les projets de design et d’architecture d’intérieur. Elle y impulse depuis sa touche féminine avec un goût prononcé pour les lieux signés.
Pour Aliénor chaque projet doit être porteur d’une histoire à accorder avec son lieu et sa vocation en devenir. Il s’agit pour elle de privilégier d’abord l’écoute du lieu afin de l’assimiler, de le valoriser et de le restituer dans son univers contemporain, tout en étant au plus proche des attentes et de la compréhension des enjeux de ses clients. www.volumeabc.fr
Aliénor, Clémence et Anthony Bechu
Anthony Bechu
Architecte Dirigeant
Clémence Bechu
Associée Directrice du Développement
Jean Cornil
Directeur d'Agence
Philippe Ros
Associé
Luca Bertacchi
Associé
Georges Dogaru
Associé
Pablo Lorenzino
Associé
Paulo Carramanha
Associé
Mounir Soubaï
Associé
Régis Lassausse
Associé
